Si on fait du jeu de rôle de cape et d’épée, dans la France du 17ème siècle, on peut prendre celle-ci comme vague toile de fond ou au contraire, essayer d’y coller un maximum. Le compromis peut être de coller le plus possible à l’ambiance, aux rapports sociaux, et de prendre ses distances avec la vérité historique, comme Dumas le fait.
Maintenant, l’histoire peut permettre de bousculer des clichés. Par exemple, il est admis par els auteurs de règles, que, dans le Japon médiéval, les femmes ne combattaient pas, étaient effacées, etc. Ils concèdent, come une dérogation à la réalité, que des femmes peuvent être combattantes dans leur jeu.
Et pourtant, les recherches historiques montrent qu’à côté des héroïnes, des femmes combattaient en nombre non négligeable.
Depuis ma lucarne, ce ne serait pas une question mais une affirmation :
Oui, l’Histoire est une source d’inspiration (et sans doute intarissable).
On pourrait parler - longuement - des rôles féminins dans les jeux historiques mais je gage que ça mérite sujet dédié !
Pour un début de réponse (courte, j’espère), étant donné que le plaisir est la priorité d’un jeu, autant s’affranchir de contraintes historiques concernant le genre d’une fonction.
Comme toute activité ludique collective, mieux vaut se mettre d’accord dès le début avec la table du degré d’exactitude (ou supposé exactitude) avec lequel on veut jouer (dans un jeu histo, je le rappelle). Il y’aura ainsi des tables qui diraient que non, il n’y a jamais eu de femme évêque et d’autres qui diraient why not.
Pour utiliser l’histoire en JdR, je me rappelle que les éditeurs Les Lapins-Marteaux ont créé le petit guide « Jouer avec l’Histoire »
Et pour les clichés sexistes accolés à l’histoire, il s’agit souvent d’un biais hérité du XVIIIème/XIXème siècle (qui nous a transmis plein de bonnes choses, mais aussi plein de conneries). Pour compenser, on peut jeter un oeil à la série « Gentes Dames Badass » proposée par la youtubeuse La Proff : https://www.youtube.com/watch?v=geGD57T7qO4&list=PLpyTl9vaOTSoNFdta5wnqBOfbt3yGbqv7
Jouer avec L’Histoire n’a pas été édité par Lapin Marteau mais par Pinkerton Press (même si Jérome Larré à assister Olivier Caïra dans la direction de ce recueil).
Tu peux d’ailleurs l’emprunter à La « Bibliothèque des Rolistes », un groupe FB où l’on se prête les bouquins de jdr et qui commence à avoir une belle collection, répartie dans les étagères de ces membres. « Jouer avec l’Histoire » fait d’ailleurs partie des bouquins que je mets à dispo. Tu me MP si tu veux rejoindre ça. C’est un groupe privé, on y rentre par cooptation.
Bien sûr, les biais existent et ce que ne savons (ou croyons savoir) est le résultat d’un environnement social et culturel. Pour autant, l’inégalité existait et avant même qu’on nous explique qu’Eve a fauté à désirant une pomme.
Je ne parle volontairement pas du présent. Sociologues et féministes sont plus qualifiés que moi pour le faire.
Pour en revenir aux femmes dans notre histoire, cela m’intéresse beaucoup puisque je travaille sur un jeu d’exploration historique (lié à l’histoire de l’art). S’il n’y avait pas d’inégalité, Camille Claudel, qui n’avait pas moins de talent qu’'Auguste Rodin, aurait pu montrer son travail à l’Exposition Universelle de Paris 1900 et n’aurait pas fini internée (par son frère et sa mère). Artemisia Gentileschi aurait eu une vie meilleure au lieu d’être jalousé/trahie par son père, etc.
Des contre-exemples formidables, il y’en a plein mais ce n’était malheureusement pas la norme : Sarah Bernhardt était plus famous que Beyoncé de nos jours, et louée soit Marie-Antoinette d’avoir pris une femme, Elisabeth Vigée-Lebrun pour la peindre, elle et ses enfants.
En fait, en général jeu de rôle se situe plus du côté de l’histoire mythologique au sens large que du côté de l’histoire universitaire.
Si on prend les début de la république romaine, Tite-Live raconte comment par leur " virtu" les romains ont convaincu Porsenna qu’ils méritaient leurs liberté. Les épisodes sont fameux.
Les historiens modernes expliquent que c’est peut être Porsenna qui a chassé Tarquin et qu’il est devenu roi de Rome, en se fondant sur les clauses du traité passé.
Mais la version de Tite-Live est plus « rôliste ».
Suite à un échange sur un autre sujet, j’ai pensé intéressant de vous donner deux liens
sur le paléolithique:
sur l’âge du bronze:
Nos ancêtres ont posé les bases du développement humain. Leurs réalisations ne sont pas modestes au regard des problèmes qu’ils ont résolus. La part des femmes n’était pas négligeable.
Sur le JDR dans l’âge de pierre, il ya un supplément GURPS et ?
Une difficulté pour moi serait de mettre au point des scénarios.
Pour le JdR à la préhistoire tu as tout simplement l’excellent Würm, inspiré de la BD et réédité récemment. Il y a en plus tout une section dédiée à l’explication des caractéristiques sociales du paléolithique (avant que le néolithique ne gâche tout ^^).
C’est pour moi l’un des JdR (pré)historique qui traite le mieux le contexte social d’un cadre historique.
L’Histoire comme source d’inspiration ? Ha, y’en a une autre ?
Non, je veux dire, dès que vous écrivez un contexte géopolitique, un cadre socioculturel, votre référence, c’est ce que vous savez de l’Histoire.
, ou pas, ce qui nous a donné des perles de bêtise dans tellement de JDR, genre : "ils mangent du riz… dans un monde où l’eau vaut de l’or, ils cultivent du… riz ? oO°
L’Histoire, la Grande Histoire, la Petite Histoire, c’est ce qui permets d’en imaginer d’autre, de recombiner des contextes afin de voir comment des événements pourraient se passer autrement, si on ajoute ceci, si en enlève cela, si on provoque un changement ici ou là. On ne peut pas faire de l’Histoire en jeu de rôle, seulement s’en inspirer… mais coté inspiration, ben c’est simple : c’est le tout premier des outils quand on se mets à créer un monde.
Et l’autre ?.. ce sont les principes fondamentaux de la physique (même si on va leur marcher dessus selon le cadre)… un autre truc très TRES galvaudé aussi, ça, quand des gens écrivent des jeux de rôle et qui m’a déjà valu tellement de barres de rire…
Repris de FB, Psychée ayant lancé un sujet : " L’histoire est écrite par les vainqueurs"
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L’histoire écrite par le vainqueur est de la propagande, pas de l’histoire.
L’histoire telle que Tite-Live la raconte en constitue un bel exemple. Pour ceux que cela intéresse, le récit de la fondation de la République et de la résistance héroïque des Romains à Porsenna relève de la pure fiction. Les historiens modernes pensent qu’il est possible que ce soit celui-ci qui ait renversé les Tarquin et sont à peu près sûrs qu’il est devenu roi de Rome. Adieu Horatius Cocles et Mucius Scaevola.
Mais point de vue JDR, c’est nettement plus épique.
Si je prends comme thème de campagne une jeune cité gouvernée par un tyran, il serait nettement plus gratifiant pour les joueurs de libérer la cité du tyran et de résister à ses tentatives de retour que de chercher un nouveau roi.
Maintenant, si je mets les joueurs en situation, je peux les mettre devant une double nécessité: combattre le tyran et la menace extérieure.
A cette époque, la prise d’une cité signifiait, massacres, viols de masse et l’esclavage pour les survivants.
Pour ceux que cela intéresse, Pat Barker décrit ce genre de situation dans les premiers chapitres de son roman, le silence des vaincues.
Aparté: Ce roman est extraordinaire, je le conseille fortement.
Les Romains ont pratiqué les sacrifices humains, notamment à l’occasion de la deuxième guerre punique 218-202 av. J.-C.
Après la bataille de Cannes (Tite-Live 22,57) :
Cependant, sur l’indication des livres du Destin, on fit plusieurs sacrifices extraordinaires : entre autres, un Gaulois et une Gauloise, un Grec et une Grecque furent enterrés vivants au marché aux bœufs, dans un endroit clos de pierres, arrosé déjà auparavant du sang de victimes humaines, cérémonie religieuse bien peu romaine.
Et de nouveau, en 209, 208, 207 et 206 av. J.-C., pour " détourner" des présages défavorables. Tite-Live ne donne pas d’indications sur les sacrifiés.