Ah MEGA !.. Mes tout premiers pas dans le Jeu de Rôle en 1984. On était loin de toutes ces considérations de sécurité émotionnelle. On jouait entre nous, entre potes (quasiment tous des mecs). On se connaissait tous super bien. On avait des souvenirs d’aventures rien qu’à nous. On était une famille.
A cette époque, pas d’internet, ni de jeu en distanciel, seulement quelques revues (Casus Belli, Dragon Radieux, Jeux&Stratégies…) comme fenêtres ouvertes sur le monde extérieur. On était tellement peu nombreux à jouer au Jeu de Rôle que quand on rencontrait un autre « Rôliste » (le terme n’existait même pas, à l’époque), c’était magique !.. On discutait de nos aventures : les pires fumbles, les réussites critiques, les situations pourries qu’on avait rencontrées et comment on s’en était sorti… Et quand un petit nouveau arrivait, on le dorlotait. On était aux petits soins (pour le convertir et en faire le MJ d’un jeu qu’on n’avait pas encore). Certes, quelquefois, on a eu des situations merdiques autour de certaines tables de jeu, des coups de gueule entre joueurs, voire un début d’empoignade… mais rien d’insurmontable.
Aujourd’hui, les choses ont bien changés. Les Rôlistes sont de plus en plus nombreux (et nombreuses). On peut jouer avec des gens qu’on ne connait absolument pas et qui vivent à l’autre bout du monde. On développe même des jeux pour les enfants. Le Jeu de Rôle se démocratise fortement et l’on prend de plus en plus conscience de son extraordinaire puissance évocatoire. Il arrive alors que certaines personnes se retrouvent en souffrance autour de tables de Jeu de Rôle (les susnommés « Tocards »). Et cela, visiblement, a du se produire assez souvent pour qu’on finisse par en entendre parler. Pour nous autres, vieux briscards du JdR : deux attitudes possibles. La première pourrait se résumer par « barrez-vous bande de tocards qui nous pourrissez le plaisir du jeu ». Je suis plutôt partisan de la seconde solution : développer de nouvelles façons de jouer qui puissent convenir à ces nouveaux Rôlistes. Le monde Rôliste arrive à maturité. Il s’équipe pour accueillir toujours plus de participants. Ce n’est plus une niche réservée à un petit nombre d’initiés. Il faut accepter ce fait et aller de l’avant. Cela dit, ça ne m’empêchera pas de jouer comme j’ai toujours joué et visiblement ça convient à tout le monde.
Alors mettre en place des outils pour que ces nouveaux rôlistes évitent certaines tables, c’est bien. Mais il arrive que les traumatismes viennent se loger dans l’inconscient même de chacun. Il se peut que des personnes se surprennent à fondre en larmes dans des situations de jeu en apparence non problématiques (issues de « notre bas monde pourri »). C’est là où un outil comme la Carte X peut être utile.
Le fait que la Carte X existe en tant qu’outil permet d’avoir le choix de l’utiliser ou de s’en passer. Il n’y a aucune obligation. C’est le ou la MJ qui décide, qui organise SA table de jeu. C’est SA responsabilité. Personnellement, je ne l’ai jamais utilisée. Cela dit, si ça peut rassurer quelqu’un autour de la table, je mettrai l’outil en place (à sa demande), tout en sachant que personne n’aura à l’utiliser. Si cela devait arriver à ma table de jeu, on formera une croix avec les bras devant soi ou au dessus de sa tête. Ce sera suffisant pour que je comprenne. Pas besoin d’un Gros X trônant au centre de la table de jeu.
Bien entendu, il pourrait arriver qu’un gros naze se mette en tête de pourrir la partie en invoquant la carte X toutes les cinq minutes (comme ça, pour rigoler). Que faire contre cela ?.. Supprimer la Carte X ?.. Ce serait bien dérisoire. Je connais tellement de moyens de pourrir une partie de Jeu de rôle sans avoir recours à la carte X. La seule solution efficace à ma connaissance, c’est se doter d’un « Détecteur à Gros Naze ».